Histoire de l'Argentine

 Histoire de l’Eglise d’Argentine.

 

a) Organisation nationale de la Vice-royauté, et début du XXe siècle (1776-1930).

 

La recherche de nouvelles routes pour commercer avec les Indes et la découverte de nouveaux continents par Christophe Colomb et Jacques Cartier, suivi par des conquistadores servit de prétexte ou de but pour apporter les bienfaits du christianisme aux populations indigènes du Mexique, du continent sud-américain qui l’ignoraient jusqu’à là.

Les prêtres qui les accompagnèrent ne songèrent qu’à convertir au Christ rédempteur les populations autochtones qu’ils découvraient. L’Eglise pensait que l’évangélisation allait de pair avec la colonisation. Ce concept a amené une confusion entre le spirituel et le temporel, c’était une idéologie qui venait du moyen âge. Ce modèle composé de toutes ses structures, ses institutions, ses coutumes et ses mœurs devait servir de modèle pour les nouveaux chrétiens d’Amérique comme d’Afrique et d’Asie. De fait, les missionnaires qui implantèrent l’Eglise en Amérique du Sud apportèrent cette structure. C’est pour cela que dans l’Empire espagnol, l’unité sociale a été conçue à travers l’unité de la foi de l’Église catholique. Pendant la période coloniale espagnole, l’Église catholique est devenue la colonne vertébrale et le pourvoyeur principale de la présence chrétienne et des différents services sociaux et religieux dans les nombreuses vice-royautés espagnoles d’Amérique du Sud, y compris dans l’actuelle République argentine.

Certains missionnaires se firent les auxiliaires, voire les courtisans des conquistadores. Cependant parmi les missionnaires, certains contestaient le droit des Espagnols à priver les Indiens de leurs terres, de leur liberté, du droit du peuple à disposer d’eux-mêmes. Les Dominicains, Bartholomé de Las Casas et Franscisco de Victoria et à leur suite le pape Paul III condamnèrent les conversions de force, les massacres et les rafles d’esclaves. La conséquence de toutes ses déviances fut la promulgation de la fameuse bulle du Pape Paul III Sublimis Deus de 1537 qui déclara : que les hommes indigènes avec tous les effets et capacités des chrétiens.

Il faut reconnaitre qu’il y avait une énorme différence dans la façon était conduite la colonisation espagnole, anglo-saxonne et française dans les Amériques.

Le premier diocèse à être fondé en 1570, fut celui de Cordoue, il fut suivi de la création du diocèse de Buenos Aires en 1620. Après la fondation de nouveaux diocèses au XIXe siècle, les diocèses argentins se sont réorganisés en 1934, avec la création de nouvelles provinces ecclésiales.

Après la Révolution de mai en 1810, il y a eu d’abord des désaccords profonds au sein de l’élite dirigeante nationale, puis avec l’indépendance de l’Espagne en 1816, sur le degré d’influence de l’Église dans le pays. Pour ne pas offenser l’Espagne, la papauté a condamné les révolutions qui ont balayé l’Amérique du Sud dans le temps et créé une relation litigieuse avec la nation argentine naissante qui sera finalement résolue en 1966 avec le concordat entre la République argentine et le Saint-Siège.

 

  1. Réforme et la spoliation ecclésiastique de Rivadavia (1820-1824)

 

En 1820, Martín Rodríguez nommé tout nouveau gouverneur de la province de Buenos Aires,celui-ci nomma Bernardino Rivadavia ministre d’état à la charge de ministre des Relations Extérieures des Provinces-Unies du Río de la Plata. Entre 1820 et 1824, Le ministre Bernardino Rivadavia a promu tout d’abord une série de réformes agraire, promouvant l’utilisation des terres en jachère, et effectua une réforme ecclésiastique en modernisant un secteur de la société qui n’avait pas changé depuis la période d’avant la Révolution de mai.

Cette réforme comprenait la suppression des dîmes, le transfert à l’État de certains biens des ordres religieux, tels que ceux du Sanctuaire de Luján, de la Confrérie de la Charité, de l’Hôpital de Santa Catalina et la suppression des dîmes privant l’Eglise catholique de susdit pour ses œuvres de charité

Une opposition particulièrement dure à la réforme du 19 mars 1823 grandit inexorablement à une révolution que l’on appelle « Révolution des Apostoliques ». Celle-ci éclata et fut menée par Gregorio García de Tagle à laquelle participa entre autres des citoyens illustres tels que Domingo Achega, Mariano Benito Rolón, Ambrosio de Lezica (père) mais insuffisamment préparé, elle échoua après plusieurs heures de lutte.

La spoliation des biens de l’Eglise catholique etla façon arbitraire et unilatéral de confiscation parl’administration rivadavienne amena une réparation historique et une reconnaissance du rôle de l’Église catholique dans la genèse de la nationalité argentine et qui s’explique actuellementpar le soutien actuel du culte catholique en Argentine, régi par la loi 21.540 sur la « cession à certains dignitaires appartenant au culte catholique apostolique romain.  » 

  1. Relation de l’Eglise avec l’état nationale Argentin

Dans la première Constitution argentine, il a été établi, (unitaire) et promulguée en 1819 (dans son article 1 -, puis dans celle de 1826 (également unitaire) – dans son article 3 – puis dans la Constitution fédérale de 1853, en son article 2, – toujours en vigueur avec des modifications)la constitution à confirmer que l’Église catholique avait une place particulière par le faite que la religion majoritaire de la population était chrétienne.

Pendant les différentes guerres d’indépendance, l’État par manque d’argent pour continuer ces guerres a confisqué de nombreux biens de l’Eglise pour soutenir les armées. C’est pour cette raison, qu’après la chute de la tyrannie de Juan Manuel de Rosas, dans la bataille de Caseros, lorsque la Constitution de 1853 a été rédigée, cette dette fut reconnue dans l’article 2 susmentionné.

Les relations entre l’Église et l’État au XIXe siècle ont été caractérisées par une série de conflits entre le gouvernement argentin et l’Église sur les questions de l’enseignement séculier obligatoire, du mariage civil et de la nomination par le gouvernement des autorités religieuses. L’Argentine et le Saint-Siège ont rompu les relations diplomatiques dans les années 1880 sur ces questions et il a fallu près de 20 ans pour les restaurer.

Les relations Église-État au XIXe siècle ont été particulièrement conflictuelles et se caractérisa par une série de bras de fer entre le gouvernement argentin et l’Église sur les questions de l’enseignement laïque obligatoire, du mariage civil et de la nomination gouvernementale des autorités religieuses. 

  1. Croissance de l’Eglise Argentine, année 1900 à 1950.

Au début du XXème siècle, la France était considérée comme la fille ainée de l’Eglise et Paris comme la première ville catholique du monde, mais on ignore que Buenos Aires était la deuxième ville après Paris.L’Eglise d’Argentine a continué à augmenter et prospérer avec l’arrivée de nombreux migrants italiens, on estime que 24 millions de citoyens argentins sont d’origine italienne.

L’organisation et la venue du XXXII Congrès Eucharistique International de 1934 a eu lieu à Buenos Aires en Argentine entre le 9 et le 14 octobre 1934. La présence du cardinal d’Eugenio Pacelli, futur Pape Pie XII a permis de se rendre compte de la vivacité de l’Eglise catholique d’argentine, en effet c’était le premier congrès à se tenir en Amérique latine et le troisième dans les Amériques après ceux de Montréal et de Chicago. Coïncidence ou plutôt clin d’œil de la providence, c’était le même jour où le martyr Hector Valdivielso Sáez (le premier saint argentin) a donné sa vie ! en effet le 9 octobre, a commencé le Congrès eucharistique international de 1934 qui a marqué un renouveau du catholicisme argentin, une nouvelle vie de l’Église en Argentine en a surgit.

Les fruits de ce congrès ont été la multiplication des diocèses, le nombre de vocations ont explosé, de nouvelles paroisses se sont construites et le peuple de Dieu constitué de laïcs a pris conscience de leur importance dans l’Église. L’ampleur des foules qui ont assisté aux événements publics ont marqués les esprits, c’était du jamais vu auparavant en Amérique latine surtout en Argentine, il s’agissait à ce jour de l’événement qui a rassemblé le plus de personnes dans le pays et, pour certains historiens, la plus grande mobilisation de catholique qui ait eu lieu en Argentine à ce jour.

Depuis le début du XXe siècle, plusieurs administrations conservatrices argentine qui travaillèrent avec le Saint-Siège avaient réussi à établir un minimum de relation qui fut mutuellement acceptable, cela impliquait, entre autres, de pacifier la permissivité de l’État envers l’enseignement religieux dans les écoles publiques.

 

  1. Crise du concordat des années 50 et 60

 Malheureusement Le gouvernement de la décennie suivante se révéla particulièrement détestable, en effet la dictature qui a en suivi et les huit premières années du gouvernement de Juan Domingo Perón ont particulièrement affecté, les relations fluides entre l’État et l’Église catholique qui s’étaient établi auparavant.

Fin 1954, pour des raisons qui n’ont jamais vraiment été élucidés, le président Perón a rompu les relations avec l’Église catholique et a entamé une guerre larvée avec elle. Pendant cette confrontation, le gouvernement Perón a aboli les jours chômés de certaines fêtes religieuses catholiques, introduit la loi sur le divorce, et a autorisé l’ouverture de maison close pour pratiquer la prostitution. La persécution se poursuivit par interdiction des manifestations religieuses dans les lieux publics, la municipalité de Buenos Aires se mit aussi à interdire aux commerçants d’exposer des mangeoires ou d’autres personnalités religieuses en commémoration de Noël.

Le 11 juin 1955, malgré son interdiction par la loi 14 400, la célébration publique de la fête du Corpus Christi a eu lieu, avec une assistance estimée à quelque 200 000 personnes. Le gouvernement accusa les manifestants, et ouvrit une enquête judiciaire pour avoir occasionné des dégâts et d’avoir brûlé un drapeau argentin.

Le 12 juin, un groupe de partisans lié au péronisme, l’Alliance de libération nationaliste, a tenté de brûler la cathédrale de Buenos Aires, ce sacrilège fut empêché par des membres de l’Action catholique argentine et de l’UNES.

Le paroxysme fut atteint16 juin 1955, il y a eu une tentative de coup d’État et la finalité de cette opération était d’assassiner le président Perón. Tout cela a abouti au bombardement de la Plaza de Mayo et de ses environs, avec le solde de plus de 300 civils tués. En réponse, les manifestants péronistes ont détruit plusieurs églises, le 16 juin 1955 après les incendies d’églises perpétré par les partisans du président Juan Perón. Une église fut particulièrement, celle de San Ignacio.

Les conséquences de tous ces affrontements, c’est l’arrestation d’environ 800 prisonniers politiques et leurs emprisonnements dans des conditions indignes. Des centaines de prêtres furent arrêtés de façon arbitraire, tels que les évêques Miguel de Andrea et Gustavo Franceschi, et dans la seule province de Buenos Aires, environ un millier de prêtres ont été arrêtés et furent mis au secret.

Le général Perón fut renversé par un coup d’État qui débuta le 16 septembre 1955 et abouti au bout de 5 jours de combat acharné au renversement du gouvernement Perón.

La dictature civil -militaire subséquente, dite « Révolution libératrice » (en espagnol Revolución Libertadora est le nom par lequel se désignait elle-même).La dictature civile-militaire qui gouverna l’Argentine bannit le péronisme de la vie politique et abrogea la réforme constitutionnelle, y compris donc les mesures de protection des secteurs sociaux les plus défavorisés et l’égalité juridique entre hommes et femmes. À la suite de son renversement, Perón s’exila au Paraguay, puis successivement au Panama, au Nicaragua, au Venezuela, en République dominicaine et finalement en Espagne.

Les relations de l’Église catholique avec la dictature qui a renversé Perón et avec le gouvernement d’Arturo Frondizi devinrent moins conflictuelles. En 1966, le Concordat a été signé qui officialisait les relations entre l’Argentine et le Saint-Siège et régit toujours les relations entre les deux, et qui précise que c’est le Siège apostolique qui contrôle exclusivement les nominations des autorités religieuses du pays.

Les années 1960 à1980.

Depuis le milieu des années 1960, les relations entre l’Église et l’État ont été soumis à des conflits avec des organisations de guérilla de gauche, des conflits sur les violations des droits de l’homme et des injustices économiques endémiques. Pendant cette période compliquée, la théologie de la libération apparut et connut un grand essor, cela coïncida avec la période ascendante des groupes armés de gauche, quelques prêtres et de nombreux laïcs catholiques s’attachèrent à cette nouvelle doctrine, ce qui occasionna des tensions au sein même de l’Eglise catholique.

Le déchainement de la violence politique s’est accru pendant la troisième période du péronisme (1973-1976), celle-ci influençables secteurs conservateurs de l’Eglise. Le dernier coup d’État en mars 1976, céda la place à une sanglante dictature militaire, celle-ci fut caractérisée par des violations des droits de l’homme par la junte. Les positions adoptées par les autorités de l’Église pendant cette période étaient très ambiguës, selon l’évolution de la situation politique, elles sont passés du soutien affiché de certains évêques et prêtres aux groupes armés de gauche et au soutien explicite à la dictature et à la torture et au meurtre par la même. Il faut reconnaitre que la très grande majorité du clergé est restée à l’écart de cette période noire de l’Argentine, soit parce qu’elle ignorait les enlèvements, les tortures et les exécutions sommaire, soit parce qu’elle avait choisi de ne pas s’impliquer, craignant une persécution de la junte et de ses sbires. Beaucoup de prêtres ont payés le prix fort de cette dictature, certains ont disparu pendant la Guerre Sale, y compris Pablo Gazzarriet deux religieuses bretonne. On estime que 6800 personnes ont disparu pendant la dictature militaire.

Première visite du pape Saint Jean Paul II, 11-12 juin 1982.

Le pape Saint Jean-Paul II pasteur dans l’âme fut aussi un grand diplomate, il avait prévu une visite pastorale en Angleterre, qui était très importante pour les relations œcuméniques avec l’Église anglicane, et pourtant il ne voulait pas repousser la visite pastorale de l’Argentine catholique. La première visite pastorale d’un pape en Argentine a eu lieu du 11 au 12 juin 1982, c’est pratiquement la fin de la guerre des Malouines (2 avril 1987-14 juin 1982).

Le 11 juin, Saint Jean-Paul II arrive pour un séjour d’une trentaine d’heures à Buenos Aires. Ce déplacement avait été annoncé à la fin de mai par le Vatican, juste avant le départ pour la Grande-Bretagne. Le but de cette annonce avait pour finalité, un message de paix et de réconciliation entre deux pays en guerre, c’est pour cela que le pape prêcha la paix dans les deux pays belligérants lors du conflit des Malouines. Les appels à la paix, lancés aussi bien le 11, au cours du pèlerinage au sanctuaire marial de Notre-Dame de Lujan, que le 12, pendant la messe célébrée en plein air dans un parc de la capitale, sont largement repris avec enthousiaste parles catholiques et les personnes présentes. Alors qu’en Grande-Bretagne Jean-Paul II n’avait eu de contact avec aucun membre du gouvernement, en Argentine, il s’entretient à plusieurs reprises avec le général Leopoldo Fortunato Galtieri qui occupa la présidence de la nation du 22 décembre au 18 juin 1982.

  1. Retour à la démocratie.

Le 3 octobre 1983, pour la première fois depuis 1973, des élections eurent lieu en Argentine, c’étaient à la fois des élections présidentielles, législatives, provinciales et municipales. Ces élections devaient consacrer le retour du pays à la démocratie en mettant fin au régime militaire instauré par le coup d’État du 24 mars 1976. Raul Alfonsín, candidat du Parti radical, obtient la majorité absolue au collège électoral qui doit élire le nouveau président le 30 novembre. Avec le retour à la démocratie en 1983, il y a eu un retour aux débats antérieurs, y compris la situation des enfants nés hors mariage, le mariage et le divorce. Les désaccords sur ces questions ont été très forts pendant l’administration du président Raúl Alfonsín,

  1. Seconde visite de Saint Jean Paul II

La seconde visite de Saint Jean Paul II en Amérique du Sud s’étalait du 1er au 12 avril 1987, il visita Uruguay – Chili – Argentine.

Le 1er, en descendant à Santiago du Chili de l’avion qui le ramena de Montevideo (Uruguay), où le 31 mars, il a effectua une courte étape de seize heures, Jean-Paul II entama la partie la plus délicate de son huitième voyage en Amérique latine. Reçu en privé par le général Augusto Pinochet, qui dirigea un régime qualifié par le pape lui-même par un terme de « actuellement dictatorial mais, dans sa propre définition, transitoire ». Le pape devait en utilisant ces termes, se situer par rapport au pouvoir, accusé par l’Église chilienne (dont le rôle politique fut très important), de nombreuses atteintes aux droits de l’homme, et par rapport à une opinion publique qui semble attendre beaucoup de sa visite.

Du 1er au 3, Jean-Paul II arriva à Santiago. Il fut reçu par le général Pinochet, qui se fit acclamer en sa compagnie au balcon du palais de la Moneda. Le pape rencontra les pauvres des faubourgs populaires du sud de Santiago, ces visites ont occasionné des rassemblements de foule interdits normalement, tout cela donna lieu à des manifestations particulièrement hostiles au régime, qui se garda bien de les réprimer.

Le 3, alors qu’il célébrait une messe dans le parc O’Higgins, de violentes émeutes éclatèrent. Les affrontements avec les forces de l’ordre firent environ six cents blessés, de nombreux prêtres essayèrent vainement de séparer les combattants. Le même jour, le pape rencontra tous les représentants de l’opposition démocratique, y compris le représentant du Parti communiste.

Le 4 et le 5, Jean-Paul II fit une tournée en province qui le mena de l’extrême sud (Punta Arenas) à l’extrême nord (Antofagasta) en passant par Concepción et La Serena. L’accueil fut fervent et populaire, les messes paisibles et recueillies contrastent avec l’agitation et les violences de Santiago.

Du 6 au 12, le pape se rendit en Argentine pour la deuxième fois, pour un séjour qui, s’il n’a pas le même intérêt politique que lors de la première visite, lui permit de rencontrer une Église nationale ébranlée et divisée par le rôle qu’elle joua pendant la dictature militaire. Cette Eglise était désormais confrontée à une évolution de la société qu’elle ne gérait plus comme avant la dictature. Le nouveau gouvernement envisageait, en particulier, de légaliser le divorce. Reçu à la Casa Rosada par le président Raul Alfonsin, Jean-Paul II quitta la capitale pour entreprendre une tournée des principales villes du pays où il développa à la fois le thème de la solidarité nationale, afin d’oublier les drames du passé, et celui du maintien des valeurs sociales et familiales en dénonçant, en particulier, le divorce. Le 11 avril, Mgr Castagna évêque de San Nicolas de Los Arroyos a eu une audience avec Saint Jean-Paul II à Rosario, celui-ci informa le pape des apparitions en cours, et c’est dans l’avion qui survola la ville de Lujan, que Saint Jean Paul II prophétisa sur l’importance de l’argentine dans la nouvelle évangélisation du monde. L’évêque promit au pape d’envoyer à Rome tous les documents de la commission théologique concernant les événements de Saint-Nicolas avec les messages que la voyante Gladys recevait.

Le 12, la messe des Rameaux, célébrée pour la première fois à l’étranger, réunit à Buenos Aires un million de personnes, constituant ainsi le plus grand succès populaire de ce voyage. C’estlors de cette deuxième visite pastorale a eu lieu la première Journée mondiale de la jeunesse, une initiative du Pape et du cardinal argentin Eduardo Pironio. C’est au cours de la même qu’une chanson a été chantée pour la première fois qui traversera plus tard toute l’Amérique et le monde : « Juan Pablo second, le monde entier t’aime ».

  1. Les relations avec Carlos Saúl Menem et Nestor et Cristina Kirchner

Sous l’administration du président Carlos Saúl Menem (1989–1999), celui-ci promeut le « jour de l’enfant à naître » en faveur de la défense de la vie et de l’enfant à naître. Cette fête fut célébrée tous les 25 mars, la date avait été choisie en raison de la fête catholique de l’annonciation. Le président Menem avait été remercié par le pape Saint Jean-Paul II pour son dévouement à cette cause. De nombreux évêques éminents d’Argentine ont de leur cotés condamné les politiques économiques de Menem parce qu’elles avaient abouti à une augmentation marquée de la pauvreté.

Sous le gouvernement de Nestor Carlos Kirchner (2003-2007), tout en professant sa foi catholique eut des relations des moments particulièrement tendus avec l’Église. Début 2005, le ministre de la SantéGinès Gonzalès Garcia a rendu public son soutien à l’égalisation de l’avortement et le silence du président Kirchner provoqua la colère de l’Eglise. Un conflit éclata avec l’évêque militaire Antonio Baseotto qui exprima son dégout par une citation de Marc 9,42.

Le président Kirchner répliqua, en n’assistant pas au Te Deum de la cathédrale de Buenos Aires, et même aux anniversaires de la Révolution de mai. Les relations avec le cardinal primat Jorge Mario Bergoglio (futur pape François) étaient déjà très tendues, mais s’empira après que la chambre des députés pris des mesures pour adopter une loi sur l’éducation sexuelle qui englobait les écoles public et privé. Cette loi obligeait les établissements à enseigner la théorie du genre, la contraception et de la distribution de préservatifs aux jeunes avec un rendez-vous.

Nestor Carlos Kirchner a été remplacé en 2007 par son épouse, Cristina Fernández de Kirchner, qui se définissait comme catholique. Pendant son mandat, la loi sur le mariage homosexuel a été adoptée, ce qui a maintenu le conflit entre le gouvernement et l’Église à un niveau très élevé. L’Église catholique, avec des fidèles de confessions protestantes, ont riposté en organisant des manifestations contre une telle réforme. L’ancien archevêque de Buenos Aires et actuel pape, Jorge Bergoglio, a fait une déclaration aux législateurs qui s’opposaient au vote appelant l’effort « un mouvement du père du mensonge pour confondre et tromper les enfants de Dieu ». Le futur pape pris la parole dans un synode des évêques d’Argentine, et fit une déclaration politique rare, il a exhorté les catholiques à s’opposer aux politiciens qui soutenaient le projet de loi.

Malgré ces nombreux points divergents, la présidente Cristina Fernández de Kirchner exprima à plusieurs reprises son opposition à la légalisation de l’avortement au cours de ses deux mandats. Peu de temps après avoir assumé un deuxième mandat, la présidente réaffirma son refus lors d’une réunion de plus de 45 minutes qu’elle a tenue avec le dôme épiscopal et bloqua le débat à la Chambre des députés lorsque des membres de son parti ont proposé de le faire avancer ce projet en vidant la commission.

Aussi, au moment de l’envoi du projet de Code civil et commercial approuvé en 2015, Cristina Kirchner a formulé plusieurs demandes de l’Église parmi lesquelles : la prise en compte du début de la vie dès la conception, la filiation post mortem et l’interdiction de la maternité en raison de maternité de substitution du ventre.

 

  1. Election comme Pape de Monseigneur Bergoglio.

Pour l’actuel gouvernement argentin, l’annonce de l’élection de Jorge Mario Bergoglio a été un véritable tremblement de terre. L’archevêque de Buenos Aires était un passionné de politique, prélat engagé, il n’était pas avare de critiques à l’encontre du gouvernement, sous la présidence de Nestor Kirchner comme sous celle de l’actuelle présidente, son épouse Cristina, ceux-ci l’appelait le « Cardinal opposant ».Le soir de son élection Cristina Kirchner garda le silence pendant près de deux heures avant d’adresser un message de félicitations au nouveau pape, dans une lettre brève et froide, bien éloignée de sa réaction face à la mort de Hugo Chavez.

L’élection de Monseigneur Bergoglio comme Pape, sous le nom de François, s’est concrétisé par une amélioration des relations entre l’Église catholique et le gouvernement national. La présidente rencontra à plusieurs reprises le pape, à Rome et dans d’autres pays, et sa relation en tant que dirigeants est devenu très fluide, son prestige rejaillissant sur l’image du pays. Mais l’élection de François devrait continuer à faire débat au sein de la population, partagée entre son histoire douloureuse et l’orgueil d’être la première nation non européenne à « accéder » à la papauté.

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